Le minifeste a exactement la même vocation que le manifeste, mais ne s’en différencie pas uniquement par la taille. Ils entretiennent une relation similaire à celle du sprint et du demi-fond. L’acte fondamental est le même, mais la dynamique est différente et il serait mal venu d’appréhender les deux de la même manière. Le minifeste est un bourrasque, qui se parcourt d’une traite, presque en apnée. Il ne s'alourdit pas d’une structure, d’une atmosphère qui lui donnerait un souffle supplémentaire dans la durée mais qui ralentirait son démarrage. Il ne perd pas de temps à s’échauffer, il rentre tout de suite dans le vif du sujet. C’est comme un boulet de canon qui touche grâce à son impétuosité, tandis que le manifeste est comme un arc qui se tend, puis atteint sa cible dans la grâce de la courbe. La durée ne leur est pas constitutive, mais une conséquence de leur constitution. Les deux ne s’opposent pas, mais se complètent dans l’arsenal de l’expression. Le minifeste n’est pas moins sérieux, moins soigné ni profond, il est un moyen différent de traiter un sujet, parfois plus adapté, de même qu’un cadeau gagne parfois à être offert sans cérémonie, de même qu’un enfant réconforte parfois plus qu’un adulte. Dans certains cas, un minifeste peut même être plus long qu’un manifeste et sembler aller plus loin. Mais peu importe la trajectoire, ce qui compte c’est de choisir celle qui convient pour atteindre sa cible.